le reportage citoyen pour les nuls

Publié le par aphex

Etudions un reportage citoyen sur monsieur Propre:



 


Les parents vont arriver et la cuisine ressemble à  un squat: c'est une catastrophe.  Un jeune tente de récurer la cuisinière, et lutte déséspéré contre une tache au dessus de sa cuisinière. Mais heureusement après 14 seconde de cauchemar, monsieur propre apparait -subliminal derrière une rondelle de citron- et clac! en un clin d'oeil tout est nettoyé, tout brille on se voit dedans. Les parents arrivent et sont ravis.
Bref une narration  de type "problème/solution/récompense" efficace et idéale pour faire passer un message: monsieur propre nettoie plus propre.



Prenons maintenant un reportage citoyen sur les travailleurs sans papiers: 




Dans un premier temps, un travailleur sans papier, Idir, travaille  18h heure  par semaine dans une cantine scolaire et "paye ses impots comme tout le monde".*  Puis, la préfecture débarque et Idir va se retrouver au chomage et peut etre même au RMI. Au lieu  d'être un contribuable, il va devenir un assisté. Et tout ça à cause de la préfecture (donc le gouvernement, donc sarkozy).
On trouve ici une structure narrative inversée par rapport  à celle du message précédent ce n'est plus  "tout va mal, la solution arrive, tout va mieux", mais "tout va bien, le probleme arrive, tout va mal". 
 On aura donc un effet inverse un effet d'anti-vente: autant le premier reportage donne une forte envie d'acheter du monsieur Propre, autant le second vont coupe l'idée de reprendre un deuxième baril de  Sarkozy. Dans les deux cas l'objectif est atteint. Mais si le premier reportage ressemble à une vulgaire réclame, le second lui parvient plus subtilement à faire passer son message. In fine les deux méthodes se valent et n'hésitez pas à  choisir la forme de discours dans laquelle vous serez le plus à l'aise.
 
Si, vous aussi, vous souhaitez produire un reportage citoyen sur les sans papiers, voici donc les  5 angles possible:

1) interroger face camera un courageux patron qui ne parvient pas à recruter des autochtones.
 
2) filmer un courageux sans papier devant sa feuille d'impot et/ou de salaire et qui aspire  modestement " à vivre comme tout le monde".
 
3) évoquer une préfecture plus ou moins inflexible.
 
4) interroger un membre d'un "collectif en lutte" et qui " cherche des solutions".
 
5) interroger un chercheur en sciences sociales sur les bienfait économique de l'immigration. 
 
Ces cinq angles seront traités dans l'ordre que vous souhaitez (n'oubliez pas que le journalisme est libre). Soyez originaux! Si vous voyez un reportage organisé en 2, 4, 3, 1  sur france 3 proposez un reportage en 1, 4, 2, 3 à M6! N'oubliez pas de vous distinguer de la concurrence! Surrencherissez!
 
N'hésitez pas  à  filmer un clandestin ouvrier à  mi-temps, touchant son mi-SMIC, parlant de sa "feuille d'impot"  comme le ferait un notaire bourgignon. 
 
Si un patron dit qu'il " aurait du mal à remplacer son salarié" dans le reportage d'M6  -qui fait dans le citoyen soft-, faites comme france 3 dans le citoyen trash. Dégotez une dirigeante de PME qui vous dira textuellement " quand je dis par téléphone à un candidat de l'ANPE qu'il faut monter a un escabeau pour nettoyer les vitrines, il raccroche".

N'hésitez pas  à laisser décrire le chomeur français, paresseux, embourgeoisé, impoli et qui raccroche au nez des patrons quand il s'agit de monter trois marches! Ne craignez pas d'aller trop loin: l'essentiel est d'aller dans le bon sens...

 
* Evidement on peut s'interroger sur le montant de  l'IR  d'un employé de cantine à  mi-temps dont le salaire doit dépasser a peine le demi smic. Un journaliste peiniblement factuel rappelerait qu'un employé de cantine à mi temps sera probablement éligible à  la "prime pour l'emploi" plutot qu'à l'impot. Mais une formule du type"  j'ai le meme regime fiscal que n'importe quel contribuable, l'Etat me verse donc 700 euros par an de prime pour l'emploi" pourrait nuire au sens général du reportage.
 
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A
C'est du pipo: quand on travaille çà mi-temps dans un emploi non qualifié, on ne paye pas d'impots : on n'est pas imposable
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